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VENDREDI SAINT 18 AVRIL 2014

PASSION DU SEIGNEUR

Eglise Saint-Jacques

Dans l’histoire de l’Eglise, l’Office de la Passion tel que nous le vivons est

parmi les plus anciens. La réforme liturgique du Concile Vatican II n’a pas

osé toucher à sa structure fondamentale. En effet, le rite de ce soir est dans

les grandes lignes, le même rite que ce qui se vivait au 4e siècle à

Jérusalem et qui fut développé dans toute l’Eglise dès le 7e siècle par des

papes venus d’Orient.

Cette liturgie si particulière est liée au rapport avec l’empereur. Nous

devons avoir à l’esprit, pour bien comprendre ces rites, la conversion de

Constantin au Christ Jésus et les instruments de la Passion du Christ

retrouvés par sa mère Hélène. En effet, Constantin se convertit au

christianisme en voyant apparaître une croix dans le ciel, qui lui fait

comprendre que « par ce signe, il vaincra » : il entrera à Rome et pourra

ainsi devenir l’empereur de tout l’empire. Sa mère Hélène, retrouvant les

objets du supplice de Jésus, déploiera une intense vénération pour adorer la

Croix de Jésus et embrasser la Couronne d’épines.

Dans quelques instants, par trois fois, j’élèverai la Croix du Christ en vous

invitant à l’adorer. Par trois fois, nous nous mettrons à genoux ou nous

inclinerons le plus profondément possible, en répondant : « venez

adorons ». Or quand l’empereur apparaissait en public, dans le temps de

Constantin encore, par trois fois, il fallait se prosterner ou s’agenouiller au

moment où l’empereur passait devant nous. Désormais, ce n’est plus un

homme de pouvoir que nous adorons en lui faisant confiance pour la paix

de nos coeurs. Désormais, c’est le Christ crucifié, humilié, souffrant, que

nous adorons et entre les mains de qui nous remettons notre vie.

Ainsi nous passons ce soir d’une liturgie qui adorait les idoles à la véritable

liturgie qui adore l’intense vérité de Dieu parmi nous. Nous ne mettons pas

notre foi dans les réalités terrestres, mais nous engageons notre existence

sur le chemin de la croix, le chemin de l’abandon des idoles, le chemin de

l’espérance en Dieu en qui nous abandonnons nos vies. Le Vendredi Saint

est donc l’occasion rituelle chaque année pour nous libérer de nos idoles.

En adorant le Christ sur la Croix ce soir, demandons-lui intensément de

nous libérer de ce qui nous entrave pour faire la volonté du Père : les

conduites désordonnées, les trafics, les influences néfastes, les médisances,

les actes de méchanceté, l’amour de l’argent, la passion du jeu, la voyance,

la magie, la consultation de l’horoscope et des medium, la recherche de la

gloire… La liste peut être très longue ! Ne nous prosternons plus jamais

devant ces idoles. Ne soyons plus jamais les esclaves de ce qui prend plus

la place de Dieu dans notre vie. Reconnaissons Jésus comme notre unique

sauveur, car il est le seul à avoir porté toutes nos souffrances, tous nos

doutes, toutes nos erreurs, tous nos manquements. Il a été crucifié pour

nous. Il est mort pour nous.

Puis après avoir adoré la croix par trois fois, nous irons au tombeau pour

définitivement laisser au Christ mort toutes les idoles déjà mortes de nos

vies. En embrassant le corps mort de Jésus, nous dirons notre foi en la vie,

et nous professerons notre espérance. Pendant le chant des impropères, le

chant des reproches que Dieu fait à son peuple de ne pas avoir voulu

entendre son appel à la conversion, nous irons embrasser le gisant de Jésus,

dans la chapelle aux vitraux des saints de la paroisse : Jean de Lalande et

Antoine Daniel ont été martyrisés par les premiers chrétiens qu’ils avaient

baptisés, en raison de la puissance de l’idolâtrie. La croix de Jésus était

inacceptable car elle disait la souffrance et la mort, manifestations de

l’échec. Or, c’est par ce signe de l’échec que Constantin s’est converti et

que Dieu lui a donné la victoire. Je le crois pour Dieppe ce soir : nous

sommes prêts à accepter aussi en nous et pour nos vies ce signe de l’échec

pour laisser Dieu notre Père nous ressusciter avec son Fils par la puissance

de l’Esprit.

En entrant dans cette chapelle, pensons que nous entrerons dans le sépulcre

de Jésus, comme les femmes de Jérusalem au matin de Pâques. La pierre

roulée leur permettra de voir que le tombeau est vide : même là, par la

puissance de la vie, le Christ ne devient pas une idole ; même là, il dira à

Marie Madeleine qu’elle ne peut pas le toucher comme si elle pouvait

devenir propriétaire de son messie ; et là il nous dira comme il nous l’a dit

au jour de notre baptême : viens dehors, sors de la nuit, sors de ton

tombeau, éveille-toi ô toi qui dors, relèves-toi d’entre les morts !

Alors dimanche matin, dans le froid de la nuit, nous sortirons de nos lits,

bien avant l’aube. Nous chercherons la lumière nouvelle et éternelle qui

guidera nos vies, avec le Christ et nos frères et soeurs, enfants du même

Père. Alors nous recevrons la vie nouvelle de Dieu, car depuis ce soir nous

aurons fait de la place en nettoyant nos vies de toutes les idoles qui nous

aveuglent, notamment par la confession sincère de nos péchés. Alors nous

recevrons la croix de Jésus comme notre victoire. Amen.

Geoffroy de la Tousche

Curé de Dieppe

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